A - Un produit
mondialisé :
Le jean créé comme simple outil
de travail à la base se transforme rapidement au cours du temps en un produit
de grande consommation. En effet, suite à l’augmentation des demandes à
l’après-guerre, la petite entreprise de San Francisco est devenue une chaîne de
production mondiale notamment grâce à la mondialisation en Europe et en Asie.
Ce processus de commercialisation
et d’échanges a engendré de nouvelles techniques afin de produire beaucoup avec
un coût de production peu élevé, tout en conservant le même prix de vente pour
plus de bénéfices. On distingue alors la notion de productivité, c’est-à-dire
le rapport entre la production réalisée et les facteurs qui ont permis de
l’obtenir. Cette mondialisation est également un facteur majeur de croissance
pour les pays producteurs car ceux-ci sont ouvert sur d'autres pays et peuvent
vendre plus facilement. Elle est davantage présente dans les pays du Nord et de
la Triade (Etats Unis/ Japon/ Union Européenne) qui, au lieu d’implanter leurs
usines dans leurs propres pays implantent à l’étranger afin d’accéder à
d’autres marchés. De plus, la main d’œuvre est peu chère pour permettre le
maximum de recettes, c'est-à-dire pour augmenter le chiffre d’affaire.
Toutefois, ces pays, où l’on délocalise, sont généralement des pays pauvres
(Afrique, Asie de l’Est..) et les employés restent très peu payés (150€/mois).
S’ajoutent à cela des conditions de travail pénibles à cause de l’utilisation
de substances chimiques pour délaver les jeans (sablage, usage du chlore..) car
ces pays ne subissent pas les normes environnementales qui sont à l’encontre de
ces pratiques contrairement à l’Europe où ¼ de ces pesticides sont interdits.
De plus, ces méthodes plus productives sont également plus dangereuses pour
l’environnement (avec l’usage de pesticide sur les champs de coton,
l’utilisation abondante d’eau qui provoque des assèchements...) mais également
pour l’homme car certaines techniques sont à l’origine de maladies
respiratoires. Il faut également savoir que la création d’un jean nécessite 1L
de pesticide, 1kg de coton, 25L de pétrole et 50 traitements chimiques.
Néanmoins, certains pays comme la Tunisie ont instaurés des méthodes contre la
pollution telles que le retraitement des eaux afin d’éliminer les produits
toxiques.
Par ailleurs, un jean
passe dans une dizaine de pays et parcourt 65000 kms avant d’arriver en
boutique. Sa conception débute où est cultivé le coton, c'est-à-dire dans des
pays comme le Pakistan ou le Mali où la main d’œuvre n’a pas besoin d’être
qualifiée. Puis le tissage des grandes toiles de denim s’effectue dans des pays
industrialisés et qualifiés par exemple en Allemagne. Il est ensuite découpé,
cousu en Namibie ou en Chine. S’effectue ensuite la pose des rivets qui est une
tâche délicate et qui se fait par conséquent dans des pays tels que
l’Australie. Le délavage nécessitant de la main d’œuvre se déroule généralement
en Turquie et les finitions sont assurées par les pays du Nord, qualifiés pour
cette tâche. Chaque pays se spécialise dans un domaine au détriment des autres
et cela renvoie donc à la division internationale du travail qui repose sur le
fait que les pays soient spécialisés, ils ne fabriquent pas tous la même chose
et échangent leur production entre eux. Cependant, pour assurer le transport,
des cargos sont envoyés pour traverser les mers et ont un impact négatif sur
l’environnement à cause de leurs émissions de CO² influant sur le gaz à effet
de serre et la pollution. En effet, la moitié des dégâts écologiques causés par
le jean sont liés au transport.
En somme, le jean est
devenu un symbole de la mondialisation avec de nombreux avantages mais également
des inconvénients. Aujourd’hui, un jean fait pratiquement le tour du globe afin
d’arriver en magasin pour le plus grand plaisir du consommateur mais au
détriment des hommes et de l’environnement.
(Cliquer dessus pour agrandir)
Source image: Création personnelle
B- Un signe d’appartenance à un groupe social
Un groupe social est
constitué de personnes ayant des normes et des valeurs en commun, une norme est
un comportement majoritaire qui fixe la conduite de ses membres selon la
société alors que les valeurs sont des idéaux partagés qui guident les normes.
Une véritable socialisation est le processus par lequel les individus
intériorisent les normes et les valeurs propre à un groupe social et qui leur
permettent de s'intégrer. Le blue-jean est donc considéré comme une norme car
un très grand nombreux de personnes le portent, selon Ulrich Plenzdorf (écrivain et scénariste allemand) c’est même
« un comportement, pas un vêtement ». Cependant, il peut y avoir des
distinctions sociales repérables en fonction des différentes marques, car leur
prix est variable. C'est notamment le cas chez Guess où un jean est vendu à
environ 140euros alors que d'autres marques comme Zara vendent leurs jeans
moins cher à environ 50euros.
Le port du jean renvoie à
un état d'esprit, permet d'avoir une valeur identique et de se perdre dans une
généralité ; c'est pour cela qu'il est encore utilisé. Les gens ont adopté
le jean au fil du temps pour se différencier des autres or désormais on ne se
différencie plus avec un jean mais avec la façon dont on le porte et son genre.
En effet, le style qu’on porte est maintenant la raison principale de la
différenciation. En 1950, le jean devient le symbole de la rébellion chez les
jeunes et les artistes qui voient en lui une marque de protestation car
avant seuls les ouvriers en portaient. Il devient même interdit dans certaines
écoles, accusé d'avoir une mauvaise influence sur la jeunesse où l’on craint
que le port de ce jean conduise les élèves à se rebeller. Les différentes
formes marquent différentes modes ce qui permet une distinction entre groupes
sociaux. Le baggy représente le style hip-hop très souvent porté par des rappeurs
ou des skateurs, le patte d'éléphant lui est l'emblème de la période Hippie. Il
y a eu aussi d'autres modes comme les punks, le grunge ou le rock avec des
jeans cloutés, délavés, troués. De nos jours, on favorise le jean droit à
taille haute et un peu court ou le slim. Mais il existe aussi des jeans avec
des patchs cousus sur les genoux ou des jeans déchirés ou délavés mais ce style est plus simple et peut
être porté par tous, ce n'est plus un effet punk ou rock. C’est un vêtement indémodable
car les jeunes créent des mouvements et looks différents afin de se
différencier et de moderniser le jean et par conséquent la mode. Grâce aux
publicités, le jean est également devenu un fait de société. En 1935, Vogue
lance une campagne pour ses jeans "bon-genre" et Yves Saint Laurent
déclare même « Je n’ai qu’un seul regret, ne pas avoir inventé le
jean ». De plus, les grandes stars qui l'ont porté font rêver la
population qui prend donc exemple sur la tenue vestimentaire de leurs idoles.
Marylin Monroe et Brigitte Bardot qui sont considérées à l'époque comme des
"femmes fatales" ou des "sex symbol" lui donnent une image sensuelle et montrent
qu'il peut aussi être porté par des femmes et Elvis Presley lui donne une image rock. Dans les années
1980, c’est Freddy Mercury qui associe ses jeans moulant à des marcels, lançant
un nouveau phénomène de mode. Cependant à certains moments, le jean fait débat,
en effet il n'est pas encore considéré comme un vêtement "habillé",
il est donc interdit dans certains établissements qui imposent un uniforme ou
bien il est rarement revêtu pour de grandes occasions comme des mariages,
baptêmes ou enterrements. Certaines façons de le porter sont aussi revendiquées
comme pour le jean baggy car celui-ci se porte bas laissant entrevoir les
sous-vêtements en public. Le baggy est donc interdit dans certaines villes des États-Unis comme dans des
municipalités de Louisiane ou Atlanta, Baltimore et Dallas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire