Le jean, emblème de la société de consommation depuis les années 50 est devenu
aujourd’hui le vêtement le plus porté dans le monde. En effet, grâce à Loeb
Strauss, celui ci est maintenant l'accessoire détenu par tous. Cependant avant
d'être mondialisé, le jean n'était qu'un simple vêtement destiné aux
travailleurs Américains. Nous nous demanderons donc comment le blue-jean est-il
passé d'un simple outil de travail à un produit de consommation mondialisé. A l’aide
de la SES et de l'histoire/géographie, nous montrerons son essor et comment il a
réussi à devenir un objet de consommation.
mardi 11 mars 2014
I- L'essor du blue-jean
A- Une création franco-américaine :
Levi Strauss de son
véritable nom Loeb Strauss est né le 26 février 1829 en Bavière (région
d’Allemagne) dans une grande famille juive. Peu après la mort de son père, Levi
accompagné de sa mère et ses sœurs firent leur chemin vers les Etats-Unis pour
retrouver leurs frères Louis et
Jonas qui détenaient un commerce de tissus dans les années 50. Puis, Levi
décida de travailler dans l’entreprise en 1853. Cette époque, fait référence à
l'après période de la seconde industrialisation. C'est une période marquée par
différentes innovations comme l'utilisation de nouvelles énergies
(pétrole/électricité), de nouveaux moyens de transport (chemins de fer/bateaux
à vapeur) ou de nouveaux moyens de
communication (téléphone/télégraphe). Cette industrialisation a permit d'approfondir les
échanges internationaux. 1853 est aussi l'année où fut déposé
la marque Levi's ce qui consiste à trouver un signe afin d'éviter les
similarités avec d'autres produit sur un marché. Après ce dépôt, aucune
personne ne peut utiliser le nom que vous avez choisit, votre logo ou
même votre slogan. En mars de la
même année, ses frères le chargèrent d’installer une succursale (établissement
commercial dépendant d'un siège) à San Francisco, la ville la plus peuplée de
la côte Ouest. Il commença alors à essayer de vendre aux travailleurs
américains, qui avaient besoin de vêtement solide, un pantalon en toile de
tente ; cependant celui-ci était trop épais et raide pour être porté sous
le soleil de Californie. Levi a donc substitué à la toile de tente un tissu de
coton venant de France appelé « serge de Nîmes » coloré
en bleu Indigo : C’est la naissance du « blue » jean. Les
pantalons restent néanmoins maltraités par ses clients : orpailleurs,
mineurs ou cow-boys. Jacob Davis, un tailleur de Reno qui achetait du tissu à
Strauss dans le Nevada, a donc l’idée de renforcer les poches avec des rivets
qui sont des tiges de métal servant à maintenir des matériaux ensemble. Cette
invention rencontre un grand succès et les deux créateurs s’associèrent pour
faire breveter l’idée en 1873, c’est-à-dire qu’ils ont déposé un titre de
propriété sur leur invention pour le protéger contre les imitations. Le jean
est alors vendu dans plusieurs états
de la côte Ouest et devient un vêtement commun ; toutefois pour empêcher
les copies, Levi décide de signer ses créations en 1886 par un logo où
deux chevaux tirent (logo « Two-Horses) chacun dans une direction opposée
sans pouvoir déchirer ce fameux jean Levi’ Strauss; ce qui symbolise sa
solidité. La marque Levi's est ensuite déposé en 1928. De plus, en 1936 il décide de coudre une
étiquette rouge placée dans la couture de la poche arrière droite pour
distinguer le 501 des productions des concurrents. Puis en 1967, Walter Landor,
célèbre designer de la marque, a créé un
nouveau logo « Batwing » ayant pour forme des ailes d'une chauve-souris. Il
servira plus tard pour désigner la marque Levi’s en tant que raccourci. De plus, cette entreprise
commerciale[1]
a son siège installé à San Francisco. En effet, celui-ci est le premier centre
de décision où les choix importants y sont faits. Elle a aussi plusieurs
centres de décisions liés aux sièges installés dans le monde : un à
Bruxelles et un autre à Singapour.
Source image: http://webstern.e-monsite.com/medias/images/20-1.jpg
[1]
unité économique combinant facteurs de productions pour produire des biens et
des services dans un but lucratif
B- Une évolution sous différentes formes :
Au départ, le jean est porté
uniquement par des travailleurs comme les mineurs, les cow-boys ou bien les
orpailleurs. Mais celui-ci, simple à porter et confortable, s'est démocratisé
dans le domaine public. En effet, il est dorénavant porté par les enfants et
les femmes et est considéré comme un vêtement de loisir. Les « Freedom-Alls »
font même leur apparition en 1918. Cette tenue entre la tunique et le pantalon
a été conçue pour permettre aux femmes une liberté de mouvement.
L'image du jean est également
popularisée par la littérature avec les cow-boys et le cinéma. Puis, dans les années 1950, il est considéré comme le
symbole de la rebellion ou de la rock attitude, à l'image des stars légendaires
comme James Dean dans les films Rebel
without a cause ou La Fureur de vivre avec Marlon Brando, atteignant
même le statut de "must have" dans les
garde-robes. Il devient l'accessoire de tous.
Sources images: http://awinkandasmile.files.wordpress.com/2011/08/cc3b3pia-de-marlon-brando-durante-as-filmagens-de-o-selvagem.jpg?w=500&h=705
https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMDnIyIONiIC-S_gDGJmec0c9DhgpCS3uBkOaeGlUhqBMkE82-bPepmqT4MyOo0pAfRMDNbB44ga0mvC_mzRPNaPYRoGtrOx7ZKvvUEAp5gYllQx-i52bJTbHgmU0S_KYTK1uMMNJ4Haqh/s400/jean.jpg)
Le jean prend ensuite de
nouvelles formes grâce aux différentes modes comme le
jean « baggy » qui est un pantalon large anciennement porté dans
les prisons par les détenus qui n'avaient pas le droit de porter des ceintures.
Apparait aussi le jean patte d'éléphant qui est le jean emblématique du symbole
hippie. Durant cette période, on personnalise son jean en le peignant, le
brodant de strass, de coquillages, de fleurs ou de mot comme ''peace and
love". En 1978, c’est au tour du jean "stone-washed" de faire
son apparition : c'est-à-dire, le jean délavé. En effet sa toile est
brûlée au laser afin de lui donner des années d'usure supplémentaire. En 1990
le jean « sur-teint », puis en 1994 le jean lycra qui est un jean en
élasthanne qui le rend plus confortable arrivent sur le marché. On constate
qu’en 1981, entre 5 et 6 millions de jean sont vendus dans le monde et en 1996
les femmes achètent autant de jean que les hommes suite à leur désir d'indépendance. Il existe
d'autres types de coupes mais seulement quatre sont les plus répandus : le
droit (droit sur toute la longueur de la jambe), le slim (près du corps), le
semi-slim (entre large et slim) et le bootcut (large à partir du genou).
Cependant le jean le plus connu est le droit qui est la coupe la plus idéale inventée par Levi's.
De
nos jours, les personnes portant des jeans droits et bleus et qui souhaitent se
démarquer optent pour des jeans de couleurs ou
préfèrent mettre des jeans différents comme ceux qui sont déchirés pour
manifester leur différences.
Sources images http://www.cdiscount.com/pret-a-porter/vetements-femme/diesel-jean-bootcut-femme/f-113026854-10mk008aa01.html http://www.zalando.fr/pepe-jeans-venus-jean-droit-bleu-pe121a03o-k00.html
http://www.promod.fr/femme/jeans/
http://www.promod.fr/femme/jeans/
II- Un objet de consommation
A - Un produit
mondialisé :
Le jean créé comme simple outil
de travail à la base se transforme rapidement au cours du temps en un produit
de grande consommation. En effet, suite à l’augmentation des demandes à
l’après-guerre, la petite entreprise de San Francisco est devenue une chaîne de
production mondiale notamment grâce à la mondialisation en Europe et en Asie.
Ce processus de commercialisation
et d’échanges a engendré de nouvelles techniques afin de produire beaucoup avec
un coût de production peu élevé, tout en conservant le même prix de vente pour
plus de bénéfices. On distingue alors la notion de productivité, c’est-à-dire
le rapport entre la production réalisée et les facteurs qui ont permis de
l’obtenir. Cette mondialisation est également un facteur majeur de croissance
pour les pays producteurs car ceux-ci sont ouvert sur d'autres pays et peuvent
vendre plus facilement. Elle est davantage présente dans les pays du Nord et de
la Triade (Etats Unis/ Japon/ Union Européenne) qui, au lieu d’implanter leurs
usines dans leurs propres pays implantent à l’étranger afin d’accéder à
d’autres marchés. De plus, la main d’œuvre est peu chère pour permettre le
maximum de recettes, c'est-à-dire pour augmenter le chiffre d’affaire.
Toutefois, ces pays, où l’on délocalise, sont généralement des pays pauvres
(Afrique, Asie de l’Est..) et les employés restent très peu payés (150€/mois).
S’ajoutent à cela des conditions de travail pénibles à cause de l’utilisation
de substances chimiques pour délaver les jeans (sablage, usage du chlore..) car
ces pays ne subissent pas les normes environnementales qui sont à l’encontre de
ces pratiques contrairement à l’Europe où ¼ de ces pesticides sont interdits.
De plus, ces méthodes plus productives sont également plus dangereuses pour
l’environnement (avec l’usage de pesticide sur les champs de coton,
l’utilisation abondante d’eau qui provoque des assèchements...) mais également
pour l’homme car certaines techniques sont à l’origine de maladies
respiratoires. Il faut également savoir que la création d’un jean nécessite 1L
de pesticide, 1kg de coton, 25L de pétrole et 50 traitements chimiques.
Néanmoins, certains pays comme la Tunisie ont instaurés des méthodes contre la
pollution telles que le retraitement des eaux afin d’éliminer les produits
toxiques.
Par ailleurs, un jean
passe dans une dizaine de pays et parcourt 65000 kms avant d’arriver en
boutique. Sa conception débute où est cultivé le coton, c'est-à-dire dans des
pays comme le Pakistan ou le Mali où la main d’œuvre n’a pas besoin d’être
qualifiée. Puis le tissage des grandes toiles de denim s’effectue dans des pays
industrialisés et qualifiés par exemple en Allemagne. Il est ensuite découpé,
cousu en Namibie ou en Chine. S’effectue ensuite la pose des rivets qui est une
tâche délicate et qui se fait par conséquent dans des pays tels que
l’Australie. Le délavage nécessitant de la main d’œuvre se déroule généralement
en Turquie et les finitions sont assurées par les pays du Nord, qualifiés pour
cette tâche. Chaque pays se spécialise dans un domaine au détriment des autres
et cela renvoie donc à la division internationale du travail qui repose sur le
fait que les pays soient spécialisés, ils ne fabriquent pas tous la même chose
et échangent leur production entre eux. Cependant, pour assurer le transport,
des cargos sont envoyés pour traverser les mers et ont un impact négatif sur
l’environnement à cause de leurs émissions de CO² influant sur le gaz à effet
de serre et la pollution. En effet, la moitié des dégâts écologiques causés par
le jean sont liés au transport.
En somme, le jean est
devenu un symbole de la mondialisation avec de nombreux avantages mais également
des inconvénients. Aujourd’hui, un jean fait pratiquement le tour du globe afin
d’arriver en magasin pour le plus grand plaisir du consommateur mais au
détriment des hommes et de l’environnement.
(Cliquer dessus pour agrandir)
Source image: Création personnelle
B- Un signe d’appartenance à un groupe social
Un groupe social est
constitué de personnes ayant des normes et des valeurs en commun, une norme est
un comportement majoritaire qui fixe la conduite de ses membres selon la
société alors que les valeurs sont des idéaux partagés qui guident les normes.
Une véritable socialisation est le processus par lequel les individus
intériorisent les normes et les valeurs propre à un groupe social et qui leur
permettent de s'intégrer. Le blue-jean est donc considéré comme une norme car
un très grand nombreux de personnes le portent, selon Ulrich Plenzdorf (écrivain et scénariste allemand) c’est même
« un comportement, pas un vêtement ». Cependant, il peut y avoir des
distinctions sociales repérables en fonction des différentes marques, car leur
prix est variable. C'est notamment le cas chez Guess où un jean est vendu à
environ 140euros alors que d'autres marques comme Zara vendent leurs jeans
moins cher à environ 50euros.
Le port du jean renvoie à
un état d'esprit, permet d'avoir une valeur identique et de se perdre dans une
généralité ; c'est pour cela qu'il est encore utilisé. Les gens ont adopté
le jean au fil du temps pour se différencier des autres or désormais on ne se
différencie plus avec un jean mais avec la façon dont on le porte et son genre.
En effet, le style qu’on porte est maintenant la raison principale de la
différenciation. En 1950, le jean devient le symbole de la rébellion chez les
jeunes et les artistes qui voient en lui une marque de protestation car
avant seuls les ouvriers en portaient. Il devient même interdit dans certaines
écoles, accusé d'avoir une mauvaise influence sur la jeunesse où l’on craint
que le port de ce jean conduise les élèves à se rebeller. Les différentes
formes marquent différentes modes ce qui permet une distinction entre groupes
sociaux. Le baggy représente le style hip-hop très souvent porté par des rappeurs
ou des skateurs, le patte d'éléphant lui est l'emblème de la période Hippie. Il
y a eu aussi d'autres modes comme les punks, le grunge ou le rock avec des
jeans cloutés, délavés, troués. De nos jours, on favorise le jean droit à
taille haute et un peu court ou le slim. Mais il existe aussi des jeans avec
des patchs cousus sur les genoux ou des jeans déchirés ou délavés mais ce style est plus simple et peut
être porté par tous, ce n'est plus un effet punk ou rock. C’est un vêtement indémodable
car les jeunes créent des mouvements et looks différents afin de se
différencier et de moderniser le jean et par conséquent la mode. Grâce aux
publicités, le jean est également devenu un fait de société. En 1935, Vogue
lance une campagne pour ses jeans "bon-genre" et Yves Saint Laurent
déclare même « Je n’ai qu’un seul regret, ne pas avoir inventé le
jean ». De plus, les grandes stars qui l'ont porté font rêver la
population qui prend donc exemple sur la tenue vestimentaire de leurs idoles.
Marylin Monroe et Brigitte Bardot qui sont considérées à l'époque comme des
"femmes fatales" ou des "sex symbol" lui donnent une image sensuelle et montrent
qu'il peut aussi être porté par des femmes et Elvis Presley lui donne une image rock. Dans les années
1980, c’est Freddy Mercury qui associe ses jeans moulant à des marcels, lançant
un nouveau phénomène de mode. Cependant à certains moments, le jean fait débat,
en effet il n'est pas encore considéré comme un vêtement "habillé",
il est donc interdit dans certains établissements qui imposent un uniforme ou
bien il est rarement revêtu pour de grandes occasions comme des mariages,
baptêmes ou enterrements. Certaines façons de le porter sont aussi revendiquées
comme pour le jean baggy car celui-ci se porte bas laissant entrevoir les
sous-vêtements en public. Le baggy est donc interdit dans certaines villes des États-Unis comme dans des
municipalités de Louisiane ou Atlanta, Baltimore et Dallas.
mercredi 12 février 2014
Conclusion
En somme, le blue-jean est passé d'un outil de travail à un
produit de consommation mondialisé tout au long du XXème siècle. En effet, mis
en avant par Levi Strauss dans un premier temps, il ne cessa d’être popularisé
par la suite par la littérature et le cinéma mais aussi par l'image de grandes
stars qui l'ont porté. La mondialisation
lui a également permis de se développer partout dans le monde. Ses différentes
formes, couleurs et aspects font de lui un vêtement indémodable qui lui permet
de continuer à se diversifier à travers le temps. Cependant, malgré le fait qu’aujourd’hui
le jean reste un vêtement accepté par la majorité, il n’en reste pas moins un
vêtement considéré comme davantage décontracté.
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